GB/USA, S. Mendes, 2020
Note : 3 / 5 – Pas Mal
A la fin des deux heures que dure 1917, on en reprendrait bien pour une heure de plus. Le film passe tellement vite ! En effet, le procédé technique choisi par Sam Mendes, à savoir ce plan-séquence continu, captive inévitablement le spectateur. Sans cesse on est amené à se demander comment le réalisateur va parvenir à ne procéder à aucune coupe dans son récit. Comment également va-t-il parvenir à gérer les transitions spatiales et les échanges entre les personnages durant ces instants intermédiaires entre deux séquences plus intenses. Le long métrage est donc une passionnante plongée dans un exercice de style assez hors du commun. Mais, au final, que reste t’il du fond, de la narration et des émotions ? Et bien malheureusement pas grand-chose. La prouesse technique prend le pas sur presque tout le reste. Les acteurs peinent à convaincre en soldat de la Grande Guerre et ne sont pas très attachants. Les enjeux, vite introduits au début, ne sont pas non plus d’une grande crédibilité. Et puis surtout, Sam Mendes en oublie de filmer la guerre ! Il nous propose un survival en mode Il Faut Sauver le Soldat Ryan, mais sans jamais nous parler vraiment de l’absurdité de ce conflit ni de la terrible réalité des tranchés. Pourtant, la première séquence fonctionne admirablement, avec une plongée dans l’univers des tranchées stupéfiante de réalisme. Mais dès que le réalisateur s’aventure hors de celles-ci, on perd rapidement le fil et on ne se concentre plus que sur la construction des enchaînements de son plan-séquence. Le plus gênant alors, ce sont les transitions géographiques toutes plus incohérentes les unes que les autres : changements de paysages brutaux, troupes ou villes apparaissant subitement, rivière de montagne dans les plaines du Nord de la France : la liste est longue. Difficile donc de s’émouvoir du sort des personnages et de la finalité du récit. Reste la prouesse technique. Nolan s’était aussi frotté à cet écueil avec Dunkerque. A trop vouloir filmer la guerre, on en oublie de la raconter.
R.M.
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