Camille

Camille

France, B. Lojkine, 2019
Note : 4 / 5 – Très Bien

Camille Lepage était cette jeune photojournaliste décédée en 2014 en Centrafrique, tuée lors d’échanges de tirs entre factions opposées. Et le long-métrage de Boris Lojkine nous interroge brillamment sur son courage et ses prises de risques. Il dresse le portrait passionnant de cette jeune femme d’un cran et d’une foi en son métier semblant inébranlable. Et sans cesse cette question lancinante : a-t-elle bien mesuré les risques qu’elle prenait ? Sa rencontre, dans le film, avec des journalistes expérimentés, qui la mettent en garde sur sa trop grande proximité avec les hommes et les femmes qui font l’évènement, est d’ailleurs riche d’enseignement. Au-delà de ce dilemme moral, le film de Boris Lojkine est captivant de bout en bout. De par, tout d’abord son côté documentaire, ponctué par les vraies photographies prises par Camille Lepage sur ce théâtre de guerre. De par aussi son tournage en Centrafrique et donc l’aspect ultra réaliste que cela donne au récit. Les seconds rôles africains se débrouillent d’ailleurs fort bien, ajoutant encore une bonne touche de crédibilité à l’ensemble. Mais la délicieuse découverte du long-métrage est évidemment la jeune Nina Meurisse, qui s’est glissée dans la peau de Camille Lepage avec une intensité rare, et une justesse jamais démentie. Le réalisateur a pris également le soin de ne rien occulter du drame centrafricain et de l’absurdité de cette guerre civile. Et sa maîtrise du langage cinématographique est incontestable, les très belles séquences qu’il a choisies pour ouvrir et clore son film en sont une très jolie preuve.

R.M.