La Plus Précieuse des Marchandises

La Plus Précieuse des Marchandises

France, M. Hazanavicius, 2024CANNES_H80
Note : 2.5 / 5 – Moyen

Michel Hazanvacius est une nouvelle fois là où on ne l’attend pas. Ce formidable artisan du cinéma s’aventure donc à adapter ce conte de Jean-Claude Grumberg paru en 2019. D’emblée, on se demande à quoi bon inventer une histoire originale sur la Shoah, alors que la réalité a déjà été source de tellement de malheurs à raconter. Passant outre cet état de fait, on se laisse facilement embarquer dans ce début de conte tout à fait mignon. Mais la rusticité des deux personnages principaux s’avère assez rebutante. Le bûcheron est particulièrement rustre et la bûcheronne semble s’approcher de la folie. Entre les lignes, il faut comprendre tous les liens unissant cette petite histoire à la grande Histoire : l’antisémitisme, la seconde guerre mondiale, les trains de la mort, les camps d’extermination. Rien de très réjouissant et de très raccord avec l’esprit des contes traditionnels. Le dessin animé garde en permanence une vision très sinistre et pessimiste de l’humanité, ce qui en fait une œuvre difficilement montrable à un jeune public. Malgré tout, on a plaisir à retrouver la voix si marquante de Jean-Louis Trintignant dans le rôle du narrateur. Grégory Gadebois marque aussi de sa voix rauque et puissante le personnage du bûcheron, qu’il parvient à rendre particulièrement menaçant. L’adaptation de ce conte n’apporte finalement pas grand-chose de nouveau à la thématique, et la forme, qui aurait dû apporter un peu de légèreté, apporte au contraire un côté encore plus plombant au récit.R.M.