France, C. Kahn, 2023
Note : 4 / 5 – Très Bien
Des films de procès, il y en a eu quelques-uns proposés par le cinéma français ces dernières années. Mais jamais on avait vu un choix artistique aussi radical. On ne sort quasiment jamais de la salle du tribunal ! Et le spectateur se trouve projeté, en immersion totale, dans la peau d’un juré d’assise. Un juré qui doit écouter les arguments de l’accusation et de la défense, et décider, en son âme et conscience, du sort de l’accusé. Cette mise en abîme est formidablement réussie par Cédric Kahn. À une époque où la police scientifique ne bénéficiait pas de tous les moyens d’aujourd’hui, l’importance des témoignages de ceux qui viennent à la barre, prend tout son sens. Et le scénario montre à quel point les témoins ont eu une importance primordiale dans ce procès. Comment leurs souvenirs ont pu être déformés, triturés et mis en doutes au fil des heures passées à être influencé par le contexte général du procès et la médiatisation de celui-ci. Malicieusement, le réalisateur utilise le procès pour nous présenter le parcours et la jeunesse du protagoniste principal et nous décrire dans les moindres détails les faits qui lui sont reprochés. Malgré le caractère assez accablant de certains témoignages, le doute insinue son venin petit à petit. Véritable tour de force scénaristique, le long-métrage parvient à être captivant de bout en bout sans jamais le moindre temps faible. Évidemment on ne peut passer sous silence la formidable prestation d’Arieh Worthalter sans qui le film ne serait pas une telle réussite. L’acteur belge de 38 ans est juste génial, totalement crédible et terriblement charismatique. Le fait qu’un acteur méconnu jusqu’alors, incarne Pierre Goldman nous aide aussi à nous plonger dans cette reconstitution de procès avec délice.R.M.