France, J. Audiard, 2018
Note : 4 / 5 – Très Bien
Jacques Audiard n’a pas souhaité reprendre les codes traditionnels du Western (grands espaces, duels à mort, indiens hostiles, …) qui ont fait le succès du genre, ni se rapprocher du style plus flamboyant de Tarantino. Il a donc choisi sa propre voie pour adapter le roman de Patrick deWitt. Et sur la forme il n’y a pas grand-chose à redire, son film est mis en scène avec grande efficacité. Mais sur le fond, son récit tarde malheureusement trop à délivrer toute sa substance. En effet, le long-métrage prend toute son ampleur seulement dans le dernier tiers du film. Avant, ses héros errent un peu sans but et bavassent gentiment sans jamais vraiment parvenir à captiver le spectateur. John C. Reilly s’est sans doute naturellement imposé au casting, étant le détenteur des droits du roman. Et on peut le regretter, parce que la fratrie qu’il forme avec l’excellent Joaquin Phoenix a bien du mal à convaincre. Leurs caractères tellement éloignés et leurs différences physiques sont trop importants pour les rendre totalement crédibles. Et la bonhommie du personnage de John C. Reilly est aussi assez peu raccord avec la violence dont peut faire preuve le hors la loi. Mais ces deux écueils ne sont pas suffisants pour que les frères Sisters ne parviennent à laisser une empreinte assez indélébile dans la mémoire du spectateur. Surtout parce que toute la dernière partie du film nous surprend sans cesse, nous éblouie et nous tient en haleine avec brio. Et il y a ce final, d’une épatante finesse, assez éloigné lui aussi des codes du genre et qui, accompagné d’une de ces partitions délicieuses dont Alexandre Desplat a le secret, conclue en beauté un élégant film sur la fraternité.
R.M.
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